La frontière entre la France et la Belgique était un talon d'Achille militaire au XVIIe siècle. On y trouve l'absence de remparts naturels, tels qu'une crête montagneuse ou un large fleuve. Après le XVIe siècle, de nombreuses villes du nord de la France ne se contentèrent plus d'un château ou d'une garnison fortifiée, compte tenu de l'évolution des méthodes de guerre. Après la conquête de la région entre Boulogne et Le Quesnoy par Louis XIV, il fit fortifier les points stratégiques par de lourds remparts et des douves. Son architecte militaire, Vauban, réalisa ces travaux pour lui. Une double ligne de villes fortifiées se créa ainsi entre la France et les Pays-Bas méridionaux. De l'autre côté de la frontière, les Pays-Bas méridionaux ne restèrent pas non plus inactifs. Bien que les petites villes fortifiées de Flandre ne jouassent plus un rôle significatif et que les escarmouches entre la France et les Alliés (Angleterre, Pays-Bas et Espagne) se résumèrent principalement à des menaces, les forteresses constituèrent un puissant moyen de dissuasion.
Les prétentions de Louis XIV sur la Flandre donnèrent lieu à cinq occupations françaises entre 1646 et 1706, ainsi qu'à la construction de fortifications et de la citadelle de Courtrai. Durant les guerres de Louis XIV, il devint évident que l'Empire espagnol n'était plus en mesure de défendre les Pays-Bas méridionaux. Si ces derniers venaient à disparaître, la France deviendrait une menace pour la République et l'équilibre des puissances en Europe.

Cet itinéraire débute dans la ville fortifiée d'Avesnes-sur-Helpe et se termine à Longwy, près du Luxembourg. Il traverse cinq villes fortifiées, mais le parcours est ponctué de belles haltes, au sens propre comme au figuré.

Avesnes était déjà une place importante au Moyen Âge. C'était l'une des principales places fortes de Charles Quint. Sous sa protection, elle put se maintenir. En 1502, les remparts furent réparés et, entre 1534 et 1538, six bastions furent construits. La ville devint ainsi une place forte pour la défense des Pays-Bas espagnols contre la France. Elle retourna définitivement à la France en 1659. Face aux menaces d'attaques et de sièges, les fortifications durent être constamment agrandies, comme en témoigne le spectaculaire bastion Saint-Jean, achevé en 1659. S'ensuivit une période de calme durant laquelle, à l'abri des fortifications remaniées par Vauban (notamment le Pont-des-Dames), l'hôtel de ville et 300 maisons furent reconstruits. Lors de la restauration, le bastion Saint-Louis fut construit, avec des casemates servant d'entrepôts. Cependant, à partir de 1873, celles-ci furent démantelées, laissant la majeure partie des remparts intacts. Ce qui en reste est aujourd'hui protégé. Parmi les fortifications historiques, il convient de mentionner en particulier le Pont des Dames, qui servait à inonder les environs de la ville dans le cadre du système défensif. Le Pont est donc situé à proximité des écluses.

À Rocroi, les choses sont différentes : cette ville a été en grande partie construite de toutes pièces au XVIe siècle, notamment comme une place fortifiée. Depuis, peu de choses semblent avoir changé, ce qui permet de se faire une idée précise de son aspect d'autrefois. Depuis votre place de parking sur la place de Rocroi, rejoignez l'Office de Tourisme et imprégnez-vous de l'atmosphère. Rocroi n'est pas une ville très touristique, ce qui a ses avantages et ses inconvénients. Un inconvénient majeur : la multitude de voitures garées sur la place centrale. Les gens vivent ici, sans zone piétonne ni interdiction de circuler à l'extérieur des remparts. C'est certes dommageable pour l'authenticité historique de cette ville, mais il est facile de la découvrir à travers l'époque moderne. La particularité de la ville réside dans son plan rigoureux. Depuis la place centrale, dix rues partent dans toutes les directions jusqu'aux remparts. Cela permettait aux soldats de défendre la ville rapidement en cas d'attaque soudaine. Presque tout dans cette ville rappelle son passé militaire. Par exemple, on passe devant une poudrière où l'on stockait autrefois la poudre à canon. Rocroi compte trois bâtiments de ce type. De l'extérieur, ils ressemblent à une maison ordinaire, mais leurs murs épais de plusieurs mètres et leur intérieur voûté. Tous sont en briques, ce qui permet une réparation rapide en cas d'explosion ou de dommages. Le plus haut bastion de la ville offre une vue magnifique sur les remparts de la ville. Ceux-ci sont en grande partie conservés dans leur état d'origine. Seule la partie surélevée offrant une vue sur la ville a été ajoutée ultérieurement, pour le plaisir des touristes. Au total, les remparts défensifs qui entourent la ville mesurent environ quatre kilomètres de long. Entre les deux, on passe par divers bastions et entrepôts. On y trouve également un long tunnel accessible par lequel les soldats pouvaient autrefois passer sans être vus.
Le musée retrace l'événement historique le plus important de la région : la bataille de Rocroi. Cette bataille mit fin à la guerre de Trente Ans et fut une victoire éclatante des Français sur les Espagnols. Aujourd'hui, cette bataille est peu évoquée dans les manuels scolaires de la région, principalement en raison de l'impact des guerres ultérieures. Mais pour Rocroi, elle reste un événement mémorable. Le musée est situé au nord-est de Rocroi, près de l'une des trois routes d'accès. Autour, vous pourrez également admirer quelques grandes casernes et maisons d'officiers, ainsi qu'un autre dépôt de poudre à canon. Il abrite aujourd'hui une médiathèque ; n'hésitez pas à y entrer pour admirer sa voûte.
Une promenade à Rocroi se termine par une délicieuse bière locale en terrasse sur la place. Avec la vue sur l'église et la halle en bois de Rocroi, vous pourrez vous replonger dans le passé. À quoi aurait ressemblé la vie de soldat ici ?

À l'origine, le site du château de Sedan n'était occupé que par une église bénédictine. Au XVe siècle, Everhard de la Marck y fit construire un manoir fortifié et entièrement ceint de murs. Son petit-fils Robert veilla ensuite à ce qu'il puisse résister aux attaques d'artillerie, une nouveauté à l'époque. Les murs furent plus hauts et plus épais, des terrasses pour les canons furent aménagées et une « rocade » fut construite pour permettre aux défenses de se déplacer rapidement. Le château de Sedan est l'une des plus grandes forteresses médiévales d'Europe, avec une superficie de 35 000 m² sur sept niveaux. C'est le seul vestige des anciennes fortifications de la ville et de ses environs. En 1870 (défaite de la guerre franco-prussienne), la plupart des défenses furent détruites, à l'exception du château. Ce dernier compte sept étages et ses murs les plus épais atteignent 27 m de large. Deux tours rondes construites vers 1430 servaient de porte. L'église du château, aujourd'hui disparue, était adossée à ces tours. Les appartements princiers, construits à partir de 1530, mesurent 105 m de long. Après 1614, les princes de Sedan s'installèrent dans le Palais des Princes, plus confortable, situé dans la basse-cour. À la même époque (1530), le pavillon Renaissance fut construit selon les plans de Philibert Delorme. Orné de piliers toscans, ce pavillon constitue l'entrée du musée. Depuis la cour intérieure, l'histoire militaire du fort est particulièrement visible. Tout y est sobre et austère. Pas de fioritures à la mode, mais des façades à l'aspect sévère, avec leurs murs épais et leurs petites fenêtres. Lorsque l'État français reprit le château des mains des derniers seigneurs et princes de Sedan, il servit principalement de place forte et de caserne.

Montmédy est une ville dans la ville. Au cœur de cette cité fortifiée, les ruelles serpentent autour des places. Les ateliers d'artistes ajoutent une touche supplémentaire. Montmédy était avant tout une imposante citadelle, l'une des plus impressionnantes du nord de la France. Charles Quint la fit construire en 1525 pour se défendre contre les attaques… françaises. À cette époque, la région était sous domination des Pays-Bas autrichiens. Les troupes de Louis XIV assiégèrent Montmédy et s'emparèrent de cet emplacement stratégique. Devenu propriété française, Vauban reconstruisit le fort selon les conceptions militaires les plus modernes de l'époque et lui donna la forme qui lui était si caractéristique. Le fort est entouré de plusieurs murs défensifs formant une sorte d'étoile. L'idée derrière cette construction est de désorienter l'ennemi une fois à l'intérieur des premiers remparts. Pour y accéder, il faut d'abord franchir plusieurs murs et franchir des douves. Le fort a connu plusieurs guerres. La première épreuve majeure fut les guerres napoléoniennes, au cours desquelles il fut gravement endommagé. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, le fort fut le théâtre d'une bataille entre la France et la Prusse. Certaines maisons endommagées du village furent bombardées durant cette période. Pendant la Première Guerre mondiale, la garnison quitta le fort pour se réfugier à Verdun, non loin de là. Il ne retrouva jamais sa fonction défensive. Lors de la visite du fort, vous pourrez escalader les remparts et faire le tour de la ville. Vous aurez ainsi une bonne idée des lignes de défense et des environs.

À Longwy, les fortifications de Vauban sont si particulières car elles sont parmi les rares à avoir été entièrement construites selon les plans de ce bâtisseur français. Vauban a majoritairement construit sur des fortifications existantes entre 1679 et 1690. Ces fortifications sont inscrites au patrimoine mondial de l'UNESCO. L'ancien château de Longwy a été démoli pour faire place à ces fortifications. À sa place, un parc avec arboretum a été aménagé. L'église Saint-Dagobert a été construite à partir de 1680 dans la nouvelle Ville-Haute, à l'intérieur des remparts. Elle a été classée monument historique en 1933.