Alors, qui étaient les Cathares ?
Ils existaient il y a 800 ans et s'appelaient eux-mêmes les Bons Hommes et les Bonnes Femmes. L'Histoire les a appelés Cathares pour définir les adeptes de cette nouvelle croyance qui s'est fortement implantée dans le Sud de la France à partir du XIIe siècle.
Le catharisme est né à une époque où l’Église était devenue riche et puissante, mais elle était la cible d’une succession de mouvements militants de dissidents exigeant un retour aux idéaux de pauvreté.
C'est leur dualisme, leur croyance que les plaisirs de la chair étaient l'œuvre du Diable, qui opposait les cathares aux catholiques.
Ils vivaient selon leurs propres règles et ne reconnaissaient qu'un seul sacrement, le consolamentum, qui remplaçait les rituels du mariage, de l'extrême-onction et du baptême.
Bien qu’il s’agisse d’un mouvement catholique, le catharisme fut rapidement considéré comme hérétique par le pape de l’époque.
Il lance la « Croisade d’Albi » en opposition au mouvement.
La « guerre sainte » de la Croisade s’est progressivement transformée en une bataille géopolitique de grande envergure servant les intérêts du roi de France.
Certains des châteaux autrefois seigneuriaux devinrent des sanctuaires pour les peuples cathares.
Les uns après les autres, les châteaux tombèrent aux mains des seigneurs du roi.
Les bons hommes et les bonnes femmes n’avaient d’autre choix que de fuir.
La Croisade a cédé la place à l'Inquisition.
Face à ce tribunal, les cathares devaient choisir entre renoncer à leur religion ou mourir sur le bûcher.
L'Inquisition eut raison du catharisme et le dernier Parfait fut brûlé en 1321 à Villerouge-Termenès, près d'un siècle après le début de la Croisade.

Nous débutons notre périple à la Cité de Carcassonne. Située sur la rive droite de l'Aude, la Cité, cité médiévale encore habitée, compte 52 tours et 2 enceintes concentriques totalisant 3 km de remparts. L'accès est libre, de jour comme de nuit, par la Porte Narbonnaise située à proximité de notre point de départ.
Carcassonne existe depuis près de 2 500 ans. Au fil des siècles, elle fut tour à tour villa romaine et vicomté médiévale sous la dynastie des Trencavel. Tombée sous la terreur des croisades, elle fut détruite, reconstruite, agrandie, fortifiée. Elle fut abandonnée puis sauvée de la destruction, avant d'être finalement restaurée au XIXe siècle dans le cadre d'un vaste projet entrepris par Viollet-le-Duc.

En quittant 'La Cité', nous nous dirigeons vers le sud en suivant le cours de la rivière Aude jusqu'à Saint-Hilaire.
Ici, vous avez la possibilité de visiter l'Abbaye célèbre pour l'un des premiers vins mousseux au monde, la Blanquette de Limoux, élaboré à partir du cépage Mausac.
L'abbaye a été construite par Hilaire, qui était l'évêque de Carcassonne.
L'abbaye a été détruite et reconstruite à deux reprises, une fois lors de la bataille contre les Cathares, et une autre fois pendant la guerre de Cent Ans.
Durant la Révolution française, les moines furent expulsés de l'abbaye et le bâtiment fut vendu. Finalement, l'abbaye fut restaurée au début du XXe siècle et est actuellement l'un des plus beaux monastères de l'Aude.
La Blanquette de Limoux pétillante a été créée ici en 1531, bien avant le champagne.

Continuez vers le sud jusqu'à Saint-Polycarpe, qui tire son nom de l'abbaye dédiée à ce martyr primitif chrétien peu connu, évêque de Smyrne au IIe siècle.
L'église abbatiale fut fondée au IXe siècle et des traces subsistent sous la forme d'impressionnants panneaux de chœur en pierre sculptée de l'époque carolingienne, incorporés plus tard dans une paire d'autels latéraux lors de la reconstruction et de l'agrandissement au XIIe siècle. Derrière l'abbaye se trouve un aqueduc intéressant qui amenait l'eau des sources locales dans les bâtiments et les jardins de l'abbaye.

Bientôt vous traverserez la rivière Aude, qui donne son nom au département de l'Aude, à Limoux.
La rivière Aude a une longueur de 224 kilomètres.
Sa source se situe en hauteur dans les Pyrénées, elle coule ensuite jusqu'à Carcassonne et rejoint enfin la mer Méditerranée près de Narbonne.

Pendant les 25 km suivants, nous continuons à suivre l'Aude vers le sud, sur sa rive ouest, le long de la D118.

Cette vallée a été le théâtre de plusieurs escarmouches au cours de la dernière guerre, comme en témoignent les monuments commémoratifs érigés le long de ce tronçon de route.
Le premier d'entre eux est le tombeau du premier lieutenant Paul Swank de l'armée américaine. Le 17 août 1944, le lieutenant Swank, accompagné de quatre maquisards américains et de dix-huit maquisards français, tenta de stopper l'avancée allemande.
Des forces écrasantes les ont forcés à se retirer. Lui et son sergent ont couvert leur retrait.
Au cours de cette action, le lieutenant Swank a été touché quatre fois par des tirs de mitrailleuses ennemies avant de tomber, puis il a dégainé son pistolet et a continué à se battre jusqu'à ce qu'il soit mort.
L'action retardatrice du lieutenant Swank a permis à ses hommes de trouver un abri pour continuer la bataille.
Il est enterré au col d'Alet à l'endroit où il est décédé selon ses dernières volontés.
Un peu plus loin sur la route, le nom de François Teulière apparaît sur une petite stèle portant l'inscription suivante : « Ici est tombé Teulière, François victime de guerre, le 17 août 1944 ». On pense qu'il a péri au cours de la même action que le lieutenant Paul Swank.

Près d'Alet-le-Bains, il y a un mémorial qui rend hommage aux Guerilleros, les combattants espagnols qui, après avoir combattu en Espagne dans les rangs républicains contre les armées de Franco et de ses alliés pendant la guerre civile espagnole (1936-1939), s'exilèrent en France et participèrent activement à la résistance contre l'occupation allemande, pendant la Seconde Guerre mondiale.
Le terme « guérilla » est une terminologie communiste, encore utilisée aujourd’hui.

Près d'Esperaza, vous devriez apercevoir l'Ampelosaurus de taille moyenne au bord de la route, qui fait la publicité de Dinosauria, le musée des dinosaures du village, qui est une autre option d'itinéraire.
Le musée expose au moins 35 espèces différentes de dinosaures, squelettes montés ou modèles grandeur nature.
Le musée possède le squelette complet d'un spécimen d'Ampelosaurus atacis, trouvé à proximité en 2001 lors de fouilles près de Campagne-sur-Aude à quelques kilomètres au sud.
Ce squelette est le squelette de dinosaure le plus complet de sa taille jamais retrouvé en France, et est surnommé Eva, du nom de l'étudiante Eva Morvan, qui l'a découvert la première lors des fouilles de 2000/2001.

Avant Quillan, on tourne vers l'est à travers la forêt en direction de Caudiès-de-Fenouillèdes.
En chemin, vous rencontrerez le Viaduc du Col de Saint-Louis, connu localement sous le nom de « Col de l'Escargot », en raison de la boucle complète de la route ici.
Le col faisait à l'origine partie de la frontière entre l'Espagne et la France,
Après l'acquisition du Roussillon par Louis XIV en 1659, le col ne se trouvait plus sur la frontière.
La pente du col étant très raide et difficile à franchir, le roi Louis-Philippe autorisa au XIXe siècle la construction du pont et la perception d'un péage.
C'est le premier pont à péage reconstruit en France après la Révolution française qui avait aboli les dîmes et les impôts.

Après Caudies, vous aurez peut-être la chance d'apercevoir le train touristique Le Train Rouge,
pendant les 10 prochains kilomètres, vous courrez parallèlement à son itinéraire le long du fond de la vallée.
Connu des locaux sous le nom de Train du Pays Cathare et des Fenouillèdes, le Train Rouge voyage de Rivesaltes sur la côte jusqu'au petit village d'Axat le long d'un itinéraire centenaire conçu pour relier Rivesaltes à Carcassonne.
Malheureusement, le tronçon spectaculaire entre Quillan et St Martin-Lys est devenu dangereux et a été coupé.
Les trains sont d'anciens autorails SNCF « Picasso » des années 1960.
C'est une attraction populaire et elle a lieu fréquemment pendant les mois d'été.
A Saint-Paul-de-Fenouillet, faites une pause café avant de vous diriger vers les Gorges de Galamus.

Avant d'entrer dans la gorge, il y a un parking où vous pourrez visiter l'Ermitage ou simplement admirer la vue sur la rivière.
L'ermitage troglodyte Saint-Antoine de Galamus a été creusé dans la roche au VIIe siècle, à flanc de gorge.
A l'origine, il s'agissait d'une seule grotte contenant des bassins d'eau, mais en 1782, après le miracle de Suette, la chapelle lui fut ajoutée.
Les habitants de Saint-Paul-de-Fenouillet furent atteints par l'épidémie de Suette et furent guéris par Saint-Antoine. On y trouve un platane planté en 1782 qui pousse au milieu d'un rocher.

Les Gorges de Galamus ont été formées au fil des siècles par la rivière Agly et constituent l'un des plus beaux phénomènes naturels de cette région.
L'Agly prend sa source, à 940 m, près de Bugarach et coule à travers les gorges jusqu'à la Méditerranée.
La rivière a une belle couleur turquoise à vert foncé et serpente sur une longueur de près de 2 km à travers la gorge. La route qui traverse la gorge serpente à 100 m au-dessus de la rivière et est souvent si étroite qu'une seule voiture peut passer à la fois. Avec une moto, il y a quelques occasions de s'arrêter pour prendre des photos. Pendant les mois d'été, la circulation est contrôlée par des feux.

A Duilhac-sous-Peyreperthuse, nous commençons la montée de 400 m jusqu'au Château de Peyrepertuse, qui est l'un des « Cinq Fils de Carcassonne » avec les châteaux de Quéribus, Puilaurens, Termes et Aguilar, tous situés au sommet de pics rocheux « inattaquables ».
Le château devint forteresse royale en 1239 lorsque Louis IX l'acheta au royaume d'Aragon. Le traité des Pyrénées de 1659 déplaça la frontière avec l'Espagne d'environ 60 km vers le sud et le château fut déclassé comme poste frontière, ayant perdu son importance stratégique.
L'accès au château se fait par une promenade de quinze minutes le long d'un sentier.
Après avoir gravi ses hauteurs, vous aurez mérité un déjeuner à l'auberge sur la route qui descend vers le village.

Plus tard, à Cucugnan, direction le Château Quéribus.
Au moment de la croisade des Albigeois, le château était tenu par Barbaira, chevalier et partisan des Cathares, qui autorisa l'utilisation du château comme lieu de refuge pour ceux qui fuyaient les persécutions. Le château fut finalement assiégé et capturé en 1255, l'un des tout derniers avant-postes cathares à être vaincu. Au cours des deux siècles suivants, le château fut renforcé pour conserver son contrôle sur la frontière jusqu'à ce qu'il soit déplacé 60 km au sud. Après la Révolution française de 1789, il fut abandonné et tomba en ruine.
Par temps clair, en empruntant le sentier escarpé jusqu'au sommet, la vue depuis le château qui s'étend de la Méditerranée à la plaine du Roussillon est tout à fait spectaculaire.

A Tuchan, un petit détour vous mènera au Château Aguilar.
D'abord propriété des comtes catalans, il devient propriété de Carcassonne à la fin du XIe siècle, puis de la famille de Termes.
Simon de Montfort s'empare du château et utilise Aguilar comme résidence principale et base pour soutenir la révolte de Raymond Trencavel avant le siège de Carcassonne en 1240.
Aguilar fut agrandi et renforcé pour devenir l'un des 5 fils de Carcassonne pour défendre la frontière franco-aragonaise.
Lorsque le traité des Pyrénées a déplacé la frontière de 60 km au sud, Aguilar a perdu toute fonction défensive et est tombé en désuétude.

En revenant sur nos pas jusqu'à Tuchan, nous nous dirigeons vers le nord par le col de Ferréol jusqu'à Villerouge-Termenès.
Le château du XIIe siècle a été le témoin de la brutalité du dernier Cathare à être assassiné.
Le « Bon Homme », Guillaume Bélibaste, y fut brûlé le 24 août 1321.
A l'époque, Villerouge était le centre d'un vaste domaine, car l'archevêque de Narbonne était seigneur de nombreux villages de la région et il y percevait dîmes, impôts ou droits. Le château joua un rôle important lors de la croisade contre les Albigeois.
Le dernier « bon homme » cathare, Guillaume Bélibaste, y fut brûlé vif le 24 août 1321.
Le château, aujourd'hui en ruine, est classé monument historique

En continuant vers le nord en direction de Lagrasse, l'Abbaye est visible depuis la route.
L'Abbaye Sainte-Marie, de style roman, fut fondée au VIIe siècle par l'abbé de Narbonne, qui adopta la Règle de saint Benoît.
Elle fut élevée au rang d'abbaye en 779 et s'enrichit rapidement grâce aux donations des seigneurs des environs et du comté de Barcelone, acquérant des terres, des châteaux, des prieurés et d'autres biens.
En 1789, avec le début de la Révolution française, l'abbaye est confisquée par l'État et vendue.
Les Chanoines Réguliers de la Mère de Dieu occupent désormais l'Abbaye.

Au départ de Lagrasse, profitez de la balade fluide à travers les Gorges de l'Alsou en direction de Trèbes.

En vous approchant de Pradelles-en-Val, vous apercevrez peut-être le troupeau de buffles local.
Lorsque la famille italienne Antonini a ouvert son restaurant, La Bourdasso, réputé pour sa cuisine italienne authentique, à Pradelles-en-Val, ils ont décidé de fabriquer leur propre mozzarella avec du lait de leurs propres bufflonnes, importé d'Italie.

Après Trèbes, vous êtes sur la dernière étape de retour au point de départ à « La Cité, Carcassonne ».
J’espère que vous aurez passé une agréable journée.